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Le blog de Stéphane Bern par Florine
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26 septembre 2006

150] "A son avis " ...

LU SUR LE net :

Ruquier borde les nouilles

Ruquier__AgoravoxAnimateur-comique pas drôle chargé de récupérer la chaire de l’animateur-producteur Ardisson, Laurent Ruquier «druckérise» les samedis soir de France 2 depuis deux semaines. Tout le monde n’en parlera pas.

On peut aimer Laurent Ruquier : le bonhomme n’est pas méchant, paraît peu calculateur, n’apparaît pas souvent dans la rubrique people et n’est pas du genre à donner des leçons. Pour ce beau palmarès, il mériterait une bonne part de tendresse, si ce n’est quelques atténuations de circonstances. Mais bon, on peut aussi ne pas aimer le système Ruquier. Sa « bande » de chroniqueurs, comédiens, pseudo-rigolos qui remplissent quelques demi-salles dans la capitale et se proclament vedettes, qui jouent parfois ensemble au théâtre dans des pièces de leur maître à penser (Ruquier lui même) et qui dans « On a tout essayé » donnent des bons points à des artistes de variété sans envergure, des écrivains sans écriture, j’en passe et des pires. On peut ne pas aimer Ruquier pour son obligation quasi vitale de pondre un jeu de mot à la minute, et d’en rigoler à la Bouvard, avec quelques kilos en moins, mais sinon c’est pareil. Mais aimer, ne pas aimer, quelle importance ? Ce qui nous occupe, là, même si occuper est un bien grand mot, c’est la nouvelle émission du guignol, « On n’est pas couché », qui fait paraît-il depuis deux semaines plus d’audience qu’Ardisson à la même heure la saison dernière. Qu’est-ce qu’il y a, dans cette émission-là, au juste ?

Comme chez Ardisson, une foule d’invités disparates, acteurs, chanteurs, hommes politiques, fatigués de la vie, aventuriers, écrivains, innocents, coupables, violeurs, menteurs, cuisiniers, québécois, homosexuels, nazis, banquiers ou présentateurs au chômage, venus tous vendre leur camelote, chercher la rédemption, se rappeler au bon souvenir de quelque agent, montrer leur cul, exhiber leurs choix, se faire cracher dessus, se déguiser, faire semblant d’avoir de l’humour ou s’ennuyer... Comme chez Ardisson, la musique est forte, le public autour de la table, bêtement servile, bêtement applaudissant quand le chauffeur de salle leur en donne le signal, bêtement rigolant quand c’est censé être drôle, bêtement dépourvu d’un quelconque jugement personnel, bêtement abandonné à la mécanique huilée de ce type de show.

Pas comme chez Ardisson, chez Ruquier Baffie n’est pas là pour décocher quelques vannes très utiles pour dégonfler quelque ego ou poitrine douteux. Chez Ruquier, on a remplacé Baffie par Eric Zemmour, minuscule gigolo qui se prétend chroniqueur politique et qui, toute la saison dernière, a surveillé le brushing de Bern sur Canal+, mais comme ce Zemmour-là, sans envergure, sans poids, sans finesse ne suffisait pas, Ruquier a ajouté... Michel Polac. On voit l’idée : Polac, c’est pour toujours à la télévision celui qui dans « Droit de réponses » et en direct transformait le TF1 de feu Francis Bouygues en café du Commerce d’où il ne sortait pas de grandes vérités mais au moins quelques poilades. Ce n’était déjà pas si mal. Seulement, bon, pour Polac comme pour Ségolène (53 déjà !) le temps passe, et l’anar Michel, s’il râle toujours autant, tremblote un peu, a du mal à assurer sa voix, et ressort en guise de polémique des indignations d’un autre temps. Une sorte d’Arlette Laguillier des médias. Alors, du coup, évidemment, ça fait plus le même effet, et le pas jeune non plus et très lourd Guy Bedos, invité samedi dernier de Ruquier, avait pour une fois raison de dire que Zemmour et Polac faisaient penser aux deux vieux du Muppet Show. En moins drôle.

Lors de la première émission, les prises de bec entre Murat et Zemmour, Angot et Polac, ou Klarsfeld et toujours Polac étaient du coup assez ridicules, pathétiques et peu amusantes. Or, le comique, c’est important pour Ruquier, peu à l’aise quand ça dérape vraiment dans le sordide. Il n’a pas le cynisme d’Ardisson, qui poussait la conscience professionnelle jusqu’à feindre l’émotion, à simuler la larme. Ruquier, lui, n’aime pas avoir le cul entre deux chaises, et cherche toute sortie possible vers la blague pour « détendre l’atmosphère ». C’est sans doute là que son émission bat de l’aile, tombe à l’eau. C’est qu’on reste sans cesse à la surface des choses, à la surface des polémiques, on n’entre jamais de plain-pied dans la vraie dispute, ou le réel scandale, on guette juste le moment ou l’animateur myope va sortir un de ses sempiternels calembours qui le situent il est vrai très haut dans l’échelle des comiques, entre Geluck et Jacques Mailhot, environ. Justement, ces deux derniers sont passés ou passent encore chez Drucker, qui partage la même redevance que Ruquier. Et on ne peut effectivement pas éviter de faire le parallèle entre les deux. Ruquier, c’est Drucker. La même manie de ne pas tomber dans le facile, le vulgaire, le trivial, la même sauvage capacité à ne pas se faire détester vraiment. Cet art d’être chiant que Drucker fait passer pour du « professionnalisme », le fruit de « l’expérience », alors qu’il s’agit juste d’être chiant, de laisser reposer le téléspectateur sur ses hémorroïdes, et chez Ruquier, en plus, de convaincre ce même hémorroïdaire de ne pas mettre la viande dans le torchon avant deux heures du matin, la veille de se plonger dans le rouge canapé de leur mimi préféré toute la sainte journée.

Nous assistons donc là, en guise d’offre « culturelle » à une « druckérisation » des esprits voulue par de Carolis en personne, qui dépense son argent comme il veut bien sûr, ça ne regarde que lui, mais qui dépense le nôtre aussi par le biais de cette très utile redevance. Pas de quoi crier au scandale ou faire ré-écrouler les tours jumelles, mais quand même, ça agace. Mieux valait, à ce tarif-là, garder le curé intégriste de Paris Première, qui au moins lui ne se cachait pas de faire du fast food télévisuel. Ruquier, lui, ne voit pas ce qu’il y a de choquant à mélanger les genres, à recevoir une vedette du X après un représentant de l’ONU, à parler du Darfour avant de parler de Garou, il justifie ce mélange par le fait qu’il existe le même (mélange) dans tout journal quotidien qui se respecte. Dans Libé, il y a une page culture, une page international, une page météo, une page télé, alors pourquoi pas chez Ruquier ? Certes, pourquoi pas ? Sauf qu’on ne peut pas résumer un quotidien à une addition de clichés hétéroclites donnant une vague idée du monde dans lequel on vit, alors que l’émission de Ruquier, si.

Et il y a pire, dans son toc-show. Deux choses, en fait, qui finissent de nous clouer d’aigreur : d’abord la longue introduction au cours de laquelle cet animateur multi casquettes récite un texte péniblement écrit entrecoupé de diapositives illustrant deux ou trois vannes usées jusqu’au trognon, longue introduction durant laquelle les invités déjà installés s’ennuient, le public bêle et le prompteur se retient de ne pas rire ; ensuite il y a ces sketchs, venus de copains à Ruquier (qui a, rappelons-le, une bande) qui transpirent de longues minutes poussives sur des portraits surécrits ou se fendent d’imitations tirées par les cheveux d’Harry Rozelmack. Ces deux instants-là plombent le show plus sûrement que l’heure qui avance quand même, c’est pas tout ça mais demain y’a l’ouverture de la chasse...

Tout cela n’a évidement aucun intérêt. Je veux dire, l’émission en son ensemble, ses chroniqueurs, ses invités, mais aussi la critique même d’une telle émission. C’est sans intérêt. On ne devrait même pas encombrer les blogs avec des articles de ce genre. Mais c’est la télévision. Et la télévision, c’est comme les commentaires sur les blogs : c’est lourd, inutile, parfois vulgaire et souvent caricatural, leurs auteurs sont la plupart du temps tout cela à la fois, mais on regarde, mais on lit. Et on se demande si on pourra résister longtemps à en dire du mal.

Il ne faut pas se priver. De commenter, de dire du mal. Parce que ces Ruquier-là, tous Drucker, tous Patrick Sébastien, tous Stéphane Bern, ils n’aiment pas, ils estiment que c’est les « intellos » qui critiquent, ils répondent qu’eux, ils essaient de faire plaisir au public, et « sans le public ils ne seraient rien ». Qu’en les critiquant ainsi, on méprise le public. En fait, le mépris du public, c’est de lui offrir dans la même soirée la voix de Garou, les cheveux blancs de Bedos, les ricanements grabataires de Polac et les sanglots d’un prêtre ouvrier victime d’Outreau en lui présentant cette mixture débilitante comme autre chose qu’une marche de plus vers un abêtissement généralisé visant à distraire le bon peuple de l’ivraie.

« Il faut se méfier du pouvoir des débiles quand ils sont légion », écrivait Dominique de Roux, qui n’était pas homme à se coucher.

Même tard.

                                                                                                                                            par Lilian Massoulier

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