139} "Stéphane Bern divertit le débat sur France 2"
CHARLINE VANHOENACKER
mardi 12 septembre 2006, 02:00
ENTRETIEN
PARIS
DE NOTRE CORRESPONDANTE
Deux avocats champions d'éloquence, deux cents personnes dans le public et des caméras cachées : « L'arène de France », présentée par Stéphane Bern, nouveau venu sur France 2, est une émission hybride. Entre débat de société et divertissement. Chaque mercredi, deux questions provocatrices attisent les avis tranchés, qui se télescopent devant un invité fil rouge. Ce mercredi, c'est Astrid Veillon, rejointe par Philippe Sollers, Geneviève de Fontenay, Jean-Louis Servan-Schreiber ou Isabelle Giordano, répartis en deux camps : pour et contre. Lequel fera basculer l'opinion du public ?
Le téléspectateur, venu en masse pour la première, avec 30 % de parts de marché, accrochera-t-il après l'effet de curiosité ? Stéphane Bern prend le risque et s'en est expliqué, au cours d'un entretien collectif accordé à la presse régionale française et au Soir.
Dans cette émission, le débat prend-il une forme particulière ?
Oui, parce que c'est une tribune libre : la colère latente peut s'exprimer enfin. C'est un divertissement qui apporte du fond et part d'une question volontairement provocatrice, avec un sujet à charge. Cette semaine, c'est « Une femme peut-elle diriger la France ? », puis « Faut-il enfermer les psys ? » Les invités peuvent s'exprimer plus librement que dans un débat de société qui ne serait pas un divertissement. L'humour permet de relativiser l'échange. Le but est de partager les emportements sur des sujets qui divisent les Français.
Le public exprime son opinion par vote au début et à la fin de l'émission. N'est-ce pas effrayant qu'au bout d'une heure, cette opinion puisse faire volte-face ?
L'émission dure 2 h 20 et aborde deux questions. Que les gens changent d'avis en une heure dix, ça montre la fragilité de la démocratie. Le public n'est pas chauffé à blanc, il réagit spontanément. C'est la première fois que je vois ça à la télévision... C'est avant tout une arène, un spectacle.
Que représente à vos yeux votre arrivée sur France 2 ?
C'est un tournant dans ma carrière. J'avais envie depuis longtemps de rejoindre le service public. Je suis arrivé sur France 2 parce que j'avais envie de faire autre chose, j'avais fait le tour. Et pour tout dire, c'était en réalité plus intéressant financièrement de rester sur Canal +...
Changer de chaîne, mêler divertissement et débat, vous aimez le risque ?
On m'a toujours attendu au tournant : quand je suis arrivé sur Canal, ou quand j'ai entrepris le théâtre. C'est casse-gueule, mais le métier est comme ça. Le titre de l'émission, L'arène de France, découle de ça : quoi que je fasse, on me collera toujours l'étiquette gotha, donc, autant y aller à fond.
Diriger un débat, c'est pour vous une première...
Je n'ai jamais eu autant le trac. Puis, à l'antenne, je suis plutôt à l'aise : je pose mes questions sans idées préconçues sur les réponses. Je suis comme une éponge. J'ai envie de comprendre. Et j'utilise le langage de l'avocat du diable.
Pas de démagogie ?
La démagogie, elle ne tient pas plus d'un quart d'heure. Mais on a tous des idées tranchées et quand elles s'affrontent, il en sort quelque chose.
Justement, qu'est-ce qui peut ressortir de vos débats et qu'on ne verrait pas ailleurs ?
Dans la première émission, un prof parlait au ministre de l'Education, Gilles de Robien, en lui disant « Toi, ministre », directement, sans les rondeurs. Puis ce dont je rêvais pour cette émission est arrivé : il y a eu des propositions qui se sont dégagées. Vous savez, la société est en avance sur ce que fait l'Etat et la télévision est en général conservatrice. Cette émission, c'est vraiment un espace de liberté totale.
« L'arène de France », 22 h 30, France 2.
source :www.lesoir.be (Le soir en ligne)